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samizdats

1 août 2014

Lettre ouverte à E&R

Bonjour, Essalaam Aleikhoum, Shalom Alekhaim,

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Une immense lassitude s'empare de moi à la lecture de ces nouvelles indéterminables (dans tous les sens du terme). Ce combat, mes amis, est perdu d'avance.
Quels en sont les objectifs ? La souveraineté de la France, la Liberté de notre cher pays et de son peuple. Combat perdu d'avance. Ce qu'il nous faut : c'est tout reconstruire. Tout reprendre depuis les bases, tout reprendre depuis LA base. D'autres l'ont fait avant nous. Certains ont peut-être réussi, après tout, à leur façon. Nul doute qu’Égalité et Réconciliation eusse informé en 1776, et peut-être avec une certaine sympathie, voire même beaucoup de chaleur, l'exploit des "rebelles" américains de 1773 à Boston - ville par ailleurs désormais fort peu libérale au fond... bref. La Russie de Poutine est en train d'y arriver, à tout reconstruire. D'autres ont peut-être échoué ? Qu'eussiez-vous dit du renversement du Shah ? Vous auriez déjà choisi votre camp lors du renversement de Mossadegh... Alors, la France ?
Ce combat est perdu d'avance mes amis, mes frères. A moins de tout reprendre à la BASE, vous en voilà désormais convaincu, n'est-ce pas ? "Réconciliation". Nous ne discuterons même pas de l'égalité qui figure en tête du programme - il faut bien faire rêver. Mais une réconciliation implique une querelle. Quelle est-elle ? L'influence de la communauté organisée, me répondront certains. L'immigration de masse, incontrôlée, provoquée, désirée, me diront d'autres. La mainmise de la finance sur l'économie, de l'économie sur la politique, de la politique sur la souveraineté du peuple.... Les trois ?
Soyons sérieux - et vous l'êtes. Vous traitez le fond, avec des dossiers suivis, mis à jours, souvent pertinents - vous traitez l"informe, avec ces brèves, ces courtes vidéos, ces brefs commentaires. Relevez la tête un instant : comment ne pourriez-vous pas voir que ce combat est tactiquement perdu d'avance !
Croiriez-vous vraiment à la logique des nombres ? Nous parlions de cette querelle mais - dénombre-t-on ses amis en comptant les portefeuilles ? C'est un premier pas, une action quasi symbolique - un "indicateur" comme ils appellent ça. Pour le tableau de bord du Chef. (Après tout, pourquoi pas ?). Mais si vous refusez de changer de perspective, alors ce combat est tactiquement perdu d'avance.
Restons en à la logique du nombre - après tout, d'une manière ou d'une autre, ce sera toujours celui qui aligne le plus grand nombre qui finira par avoir raison. Après, sûr que ça pèse plus derrière une barricade et qui refuse d'en sortir que derrière une urne et qui s'en lave les mains... Mais vous avez renoncé au combat - sans en exclure au besoin la possibilité en cas de légitime défense.

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Alors les nombres ? Auriez-vous renoncé au combat si vous aviez 1 000 hommes en armes et prêts à agir ? 10 000, 100 000 ? Dites un chiffre. Votre chiffre, logiquement devrait être de disons allez au hasard 600 000. Au moins. Oui enfin non - tout le monde ne quitte pas si aisément ses habits du quotidien (enfin : je me comprends...). 100 000 donc ? Ou, allez tiens : un sixième de un pourcent de la population totale du pays. Un sixième égale onze millions, divisé par cent égale 110 000 hommes - ou femmes, bien sûr. Et ? Bah ben oui, enfin je suppose que oui... Heuuuu... Chef ! On fait quoi pour les transgenres ?
110 000. Voilà un objectif intermédiaire vers " la souveraineté de la France, la Liberté de notre cher pays et de son peuple." Il vous faut 110 000 personnes.
Les avez-vous ? Je ne le pense pas.
Les voulez-vous ? Je le crois.
Alors croyez-moi : continuez à dénoncer Israël, le sionisme, l'impérialisme néo-colonialiste post-Guerre Froide des Etats-Unis à la botte - mais se contenter de cela, c'est se contenter de mener un combat tactiquement perdu d'avance : il est inutile de démonter les arguties idéologiques crypto-manipulatrices du pouvoir en place. Le Pouvoir, veuillez m'excuser, s'en brrrrranle complètement. Vous vous attaquez à un Réplicant. C'est inutile. Vous n'arriverez à rien sans affrontement. Quand vous pourrez parler à la France avec derrière vous assez d'hommes derrière des barricades pour que ceux derrière les urnes se demandent encore s'il ne faudrait pas  quelque chose change. C'est à ce moment là, à ce moment seulement que s'engagera le combat.
Mais si l'on refuse l'affrontement, la violence, le combat ? me direz-vous.
Est-ce là la France que vous voulez ? Celle des intellectuels assis ? Peut-être avez vous raison - même si nos traditions nous ont toujours porté à être plutôt des cons qui marchent, depuis cette Révolution de triste mémoire qu'on nous édulcore à en vomir. Mieux : notre tradition, à nous autres Français, c'est celle de ce peuple qui parle comme un con et marche comme un intellectuel. Et, bien sûr, lycée de Versailles.
Cent dix mille.
A ce moment-là pourra s'engager le combat.
si ce chiffre ne figure pas dans vos objectifs, alors la souveraineté de la France, la Liberté de notre cher pays et de son peuple ne sont que de vaines paroles.  

 

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15 juillet 2014

Israël/Palestine : l'embrasement (Emission "ça vous regarde" (LCP) du 10 juillet 2014).

Ça Vous Regarde - Le débat : Israël / Palestine : l’embrasement

14 juillet 2014

Lecture : "Bâtir le foyer blanc" d'Arthur Kemp, éditions Akribeia, 136p., 15€

Un type qui n'écouterait que du Mozart pourrait-il se dire mélomane ? Un peu de curiosité ! Quitte à lire cet essai comme un ouvrage de fiction/anticipation.

Bâtir le foyer blanc :

« Partant du constat que seuls les Européens et les Euro-Américains des États-Unis sont menacés d’extinction par les populations originaires du tiers-monde, l’auteur, qui concentre son propos sur les Européens de l’Ouest, estime que leur sort est si grave que les plus conscients d’entre eux ne survivront que s’ils se regroupent dans des communautés de vie, prélude à un Grand Trek vers un ou plusieurs territoire(s) où ils seront nettement majoritaires … La croissance continue, dans les pays occidentaux, du nombre des électeurs de couleur et pratiquant d’ores et déjà un vote ethnique de masse sonne en effet le glas de l’espoir d’inverser la tendance par la voie des urnes. L’auteur encourage donc les Européens décidés à défendre leur identité à franchir le Rubicon psychologique consistant à admettre que la plupart des Blancs sont condamnés à disparaître, sous l’effet du métissage et de la submersion lente ou violente. Loin de nourrir la défaite dans les têtes, ce petit livre offre aux Européens identitaires un véritable mythe mobilisateur. »

(présentation de l’éditeur)

Un lien où l'on en parle : http://www.polemia.com/batir-le-foyer-blanc-de-arthur-kemp/.

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14 juillet 2014

Procès de Nüremberg : l'an prochain à Jérusalem.

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 Les barbares nazis offraient des récompenses aux délateurs - les barbares nazis exécutaient des maquisards prisonniers - les barbares nazis assassinaient des otages.

Le Peuple élu, lui, mène l'enquête judiciare faisant suite à l'enlèvement et à l'assassinat de trois adolescents à coups de bombes incendiaires et de bulldozers.

Le monde regarde, le monde se tait.

Mais de plus en plus nombreux sont ceux qui espèrent assister un jour aux Procès de Nüremberg, l'an prochain à Jérusalem.

26 juin 2014

Les esclaves oubliés de l’histoire : la traite des Irlandais

(source : http://www.globalresearch.ca/the-irish-slave-trade-the-forgotten-white-slaves/31076 )

lls sont venus comme esclaves, vastes cargaisons humaines transportées sur de grands navires britanniques à destination des Amériques. Ils furent expédiés par centaines de milliers, hommes, femmes, et même les  enfants les plus jeunes. S’ils se rebellaient ou désobéissaient à un ordre, ils étaient punis de la pire des façons. Les esclavagistes pendaient ces humains dont ils étaient propriétaires par les mains et leur brûlaient les pieds ou les mains pour les punir. Ils étaient brulés vifs et leur tête était placée sur un pieux au marché en avertissement pour les autres captifs. Mais est-il besoin de s'apesantir sur le détail de ces procédés sanguinaires ? Nous connaissons les atrocités de la traite des nègres.

Mais parlons-nous de l’esclavage des africains ? Les rois James II et Charles Ier ont mené des politiques continues visant à mettre en esclavage les Irlandais. Le célèbre britannique Oliver Cromwell perpétua cette pratique de déshumanisation des voisins irlandais.

Le commerce d’esclaves irlandais commença quand James II vendit 30 000 prisonniers irlandais comme esclaves au Nouveau Monde. Sa proclamation de 1625 ordonnait que les prisonniers politiques irlandais soient exilés outre-mer et vendus à des colons anglais des Caraïbes. Au milieu du XVIe siècle, les esclaves vendus à Antigua et à Montserrat étaient principalement des Irlandais. À cette époque, 70 % de la population totale de Montserrat était composée d’esclaves irlandais.

L’Irlande devint rapidement la plus grande source d'esclaves pour les marchands anglais. Les premiers esclaves du Nouveau Monde étaient en réalité majoritairement des Blancs.

De 1641 à 1652, plus de 500 000 Irlandais furent assassinés par les Anglais et 300 000 autres vendus comme esclaves. La population irlandaise chuta de 1,5 million d'habitants à 600 000 en une décennie. Les familles déchirées par les Britanniques qui interdisaient aux hommes irlandais d'emmener femmes et enfants avec eux sur l'autre rive de l’Atlantique. Cette politique engendra une population de femmes et d’enfants sans abris, sans protection, que les britanniques vendirent aux enchères eux aussi.

Durant les années 1650, plus de 100 000 enfants irlandais âgés de 10 à 14 ans furent arrachés à leurs parents et vendus comme esclaves dans les Caraïbes, en Virginie et en Nouvelle-Angleterre. Pendant cette décennie, 52 000 Irlandais (pour la plupart des femmes et des enfants) furent vendus aux Barbades et en Virginie. 30 000 hommes et femmes irlandais furent déportés pour être vendus au plus offrant. En 1656, Cromwell ordonna que 2 000 enfants irlandais soient emmenés en Jamaïque et vendus comme esclaves à des colons anglais.

Nombreux sont ceux aujourd’hui qui évitent de désigner les esclaves irlandais par le nom de ce qu’ils étaient vraiment : des esclaves. Ils utilisent des termes tels que « serviteurs sous contrat » pour décrire ce qu'il advint aux Irlandais. En réalité, dans la plupart des cas au XVIIe et au XVIIIe siècle, les esclaves irlandais n’étaient rien d'autre que du bétail humain.

 

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Par exemple, le commerce d’esclaves africains commençait à peine à cette époque. Il est bien établi que les esclaves africains, pas entachés de la théologie catholique alors méprisée et plus onéreux à acheter, étaient souvent bien mieux traités que les esclaves irlandais.

Les esclaves africains étaient très coûteux à la fin des années 1600 (50 sterlings). Les esclaves irlandais étaient bon marché (pas plus de 5 sterlings). Si un planteur fouettait, marquait ou battait un esclave irlandais à mort, ce n’était jamais un crime. La mort d’un esclave représentait une perte financière, bien moins forte dans le cas d'un irlandais que d'un africain plus onéreux. Les maîtres anglais commencèrent rapidement à se reproduire avec les femmes irlandaises autant pour leur plaisir personnel que pour augmenter leurs profits. Les enfants d’esclaves étaient eux-mêmes des esclaves, ce qui renforçait encore la main d'oeuvre gratuite des maîtres esclavagistes. Même si une femme irlandaise devenait libre d’une quelconque manière, ses enfants restaient esclaves de son maître. En conséquence, les mères irlandaises, malgré cette émancipation fraîchement acquise, abandonnaient rarement leurs enfants et restaient en servitude.

Avec le temps, les Anglais pensèrent à un meilleur moyen d’utiliser ces femmes (dans de nombreux cas, de jeunes filles d'à peine douze ans) pour augmenter leur part de marché : les colons commencèrent à faire se reproduire des femmes et des filles irlandaises avec des hommes africains pour produire des esclaves à la couleur distinctive. Ces nouveaux esclaves « mulâtres » revenaient à un prix plus élevé que le bétail irlandais et en outre permirent aux colons de faire des économies au lieu d’acheter de nouveaux esclaves africains. Cette pratique consistant à croiser des femmes irlandaises et des hommes africains se prolongea sur plusieurs décennies et était si répandue que, en 1681, une loi fut votée « interdisant la reproduction de femmes esclaves irlandaises avec des hommes esclaves africains dans le but de produire des esclaves pour la vente ». En résumé, elle fut stoppée seulement parce qu’elle interférait avec les profits d’une grande compagnie de transport d’esclaves.

L’Angleterre continua à expédier des dizaines de milliers d’esclaves irlandais pendant plus d’un siècle encore. Les archives historiques montrent que, après la révolte irlandaise de 1798, des milliers d’esclaves irlandais furent vendus en Amérique et en Australie. Il y eut des abus atroces faits sur des captifs autant africains qu’irlandais. Un navire britannique jeta même dans l’Atlantique 1 302 esclaves pour que l’équipage reçoive en partage la nourriture qui leur était destinée.

Il fait peu de doute que les Irlandais subirent les horreurs de l’esclavage autant (sinon plus, au XVIIe siècle) que les Africains. Il fait aussi peu de doute que ces visages métissés que vous observez dans vos voyages aux Caraïbes sont très probablement un mélange d’ascendances africaines et irlandaise. En 1839, la Grande-Bretagne décida finalement de sa propre initiative de mettre fin à cette traite infernale et arrêta le transport d’esclaves. Cette décision n’empêcha pas les pirates de faire comme bon leur semblait, la nouvelle loi mit lentement fin à CE chapitre cauchemardesque de la misère irlandaise.

 

 

Mais si quiconque, noir ou blanc, pense que l’esclavage fut seulement une expérience africaine, alors il a tout faux.

L’esclavage irlandais est un sujet qui mérite qu’on le garde en mémoire, qu’on ne l’efface pas de nos esprits.

Mais où sont nos écoles publiques (et privées) ? Où sont les livres d’histoire ? Pourquoi est-ce si rarement rapporté et rappelé ? La mémoire de centaines de milliers de victimes irlandaises ne mérite-t-elle pas plus que la mention d’un auteur inconnu ?

Ou leur histoire deviendra-t-elle fidèle à ce que voulaient les pirates anglais : une histoire (contrairement au récit africain) irlandaise intégralement oubliée, comme si elle n’avait jamais existé.

Aucune des victimes irlandaises ne put rentrer sur sa terre natale pour raconter son calvaire. Ce sont les esclaves perdus ; ceux que le temps et les livres d’histoire biaisés ont commodément oublié.

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21 juin 2014

L’escroquerie des fausses victimes de la Shoah

(source : http://www.francesoir.fr/l%E2%80%99escroquerie-des-fausses-victimes-shoah-60836.html )

Plus de 5.500 personnes qui se faisaient passer pour des victimes de la Shoah ont détourné des indemnisations destinées aux survivants des persécusions nazies.

Ils décrivaient l’enfer des camps de travail et des ghettos. D’autres racontaient comment, gamins, ils avaient fui les nazis sous les bombes pour se cacher jusqu’à la libération. En guise d’indemnisation, ces survivants ont réclamé et reçu des milliers de dollars du gouvernement allemand, via un fonds dédié aux victimes des persécutions nazies. Mais leurs récits, fourmillant de détails réalistes, étaient faux. Mardi, à New York, après onze mois d’enquête, la police fédérale américaine a révélé que plus de 5.500 personnes ont détourné des fonds d’indemnisation en se faisant passer pour des victimes de la Shoah… alors que nombre d’entre elles n’étaient même pas nés en 1945. Une escroquerie aux relents nauséabonds, d’un montant de 42,5 millions de dollars.

L’affaire éclôt en novembre 2009 à New York, au siège de la Claims Conference, l’organisation chargée d’étudier et de défendre les demandes de dédommagement des victimes du nazisme. Des employés sourcilleux relèvent d’étranges similitudes entre deux cas qu’ils examinent. L’organisation charge le FBI de mener les investigations. Celles-ci se sont achevées mardi avec l’arrestation de dix-sept personnes à New York. Six d’entre elles sont des employés de la Claims Conference. Elles sont accusées d’avoir validé des milliers de requêtes frauduleuses, émanant pour la plupart de membres de la communauté juive russe du quartier de Little Odessa, à Brighton Beach.

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Deux fonds d’indemnisation siphonnés

Entre 1993 et 2009, deux fonds différents gérés par l’organisation ont ainsi été siphonnés. Le premier, destiné aux réfugiés contraints de quitter leur ville d’origine à cause des nazis, donne droit à un versement unique de 3.600 $. Pas moins de 4.957 fausses victimes ont été identifiées. Le second fonds prévoit une rente mensuelle de 411 $ pour les survivants des persécutions qui gagnent moins de 16.000 $ par an.

Cette fois, 658 escrocs en ont abusé. Au centre du système se trouve Semen Domnitser, qui dirigeait ces deux fonds d’indemnisation depuis 1999 : selon les enquêteurs, aucun dossier ne pouvait être transmis au gouvernement allemand sans avoir été approuvé par lui.

Pour monter ces requêtes bidon, le système était rodé. « Les candidats ont été recrutés pour fournir des copies de leurs papiers d’identité, certificats de naissance et passeports, en échange de quoi on leur promettait de l’argent provenant d’un fonds lié à la guerre, a expliqué le procureur fédéral Preet Bharara. Une fausse demande était alors préparée au nom de l’individu avec des documents d’identification pour qu’il puisse avoir droit aux compensations. »

Des publicités, dans des journaux russes, proposaient d’aider les demandeurs à établir leurs dossiers moyennant paiement, relate le Washington Post. Une complice confectionnait de faux certificats de mariage, de scolarité ou de naissance, russes ou ukrainiens… De quoi travestir la réalité et coller aux critères de compensations, grâce à une fine connaissance de l’histoire de l’Holocauste. Malgré des falsifications parfois grossières – la même photo sur des dizaines de passeports –, ces requêtes étaient validées rapidement. Et, au passage, les employés corrompus empochaient un coquet pourcentage.

L’institution elle aussi victime

Au-delà du préjudice financier, ce scandale vient ternir l’image de la Claims Conference. Créée en 1951, l’institution verserait aujourd’hui près de 400 millions de dollars par an, au nom du gouvernement allemand. « S’il y avait une organisation dont on pouvait espérer qu’elle serait à l’abri de la cupidité et de l’escroquerie, c’est la Claims Conference, qui aide chaque jour des milliers de victimes, a regretté le procureur fédéral Preet Bharara. Tristement, ceux qui viennent en aide aux victimes se retrouvent à leur tour victimes de duperie. »

Depuis que l’affaire a éclaté, le bureau new-yorkais de la Claims Conference a baissé son rideau. Le versement des indemnisations est suspendu et les nouvelles demandes sont traitées directement en Allemagne ou en Israël. « Nous sommes choqués que des personnes puissent voler de l’argent destiné aux survivants du pire crime de l’histoire, a déploré mardi le président de l’organisation, Julius Berman. C’est un affront à la décence humaine. »

Pour autant, aucune victime réelle n’a été spoliée, a-t-il affirmé. Les dix-sept inculpés, eux, risquent des peines allant jusqu’à soixante ans de prison et 750.000 $ d’amende. Et, à ce jour, seuls 29 bénéficiaires de l’escroquerie ont restitué de l’argent, pour un total d’environ 200.000 $.

18 juin 2014

Les ABCD de l'égalité : florilège.

Le Zapping de l'ABCD de l'égalité: les phrases choc des femmes qui ont conçu ce programme.

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18 juin 2014

RUSSIE - OCCIDENT : LES APPELS À LA GUERRE

(source : http://www.cf2r.org/fr/tribunes-libres/russie-occident-les-appels-a-la-guerre.php)

Si c'est écrit comme ça, c'est moi qui souligne.

par Alain Rodier
Ancien officier supérieur du renseignement français
Directeur de recherches au CF2R, en charge du terrorisme international
et de la criminalité

Il n'est plus une semaine, plus un jour, sans que les tambours de guerre ne résonnent en Occident. Les premiers bataillons de « va-t'en guerre » sont constitués de quelques journalistes et intellectuels ayant pignon sur rue à Saint Germain des Prés. Le problème est qu'ils tiennent le haut du pavé de l'intelligentsia parisienne. « Entraînons-nous et allez-y » semble être leur devise quand ce n'est pas « attention, ça va saigner ! », histoire de faire bondir l'audimat ou les ventes des journaux pour lesquels ils officient directement ou indirectement. Certes, leur responsabilité est limitée tant ils sont les victimes du discours politique unique diffusé par différents lobbies, majoritairement anglo-saxons. Même le président Obama, homme honnête au demeurant, n'échappe pas à cette action souterraine prônée par les néocons américains[1] et suivie avec un bel enthousiasme par nos voisins britanniques. Les Polonais et les pays Baltes qui ont beaucoup eu à souffrir de l'URSS du temps de sa splendeur, ne sont pas les derniers à souffler sur le feu tant ils ont gardé au cœur une indicible terreur de « l'ours » russe.

En réaction aux initiatives armées de Moscou concernant l'Ukraine, les menaces, relayées d'une manière quasi jouissive par les princes de la sphère médiatique, se succèdent donc depuis des mois. Qui va-t-on bombarder demain ? semble être la question qui taraude nos fins intellectuels. Il faut dire que les Occidentaux ont une certaine expérience dans ce domaine. Après la Serbie, l'Irak et la Libye, la Syrie y a échappé de justesse. Mais ce n'est que partie remise pour Washington qui a fermé les représentations diplomatiques syriennes en mars 2014[2]. Les efforts de paix initiés conjointement avec Moscou risquent de sérieusement en pâtir. Même la destruction de l'arsenal chimique syrien pourrait connaître un arrêt. Sans doute que Washington juge qu'il n'est plus en mesure d'être réellement menaçant pour prendre de telles mesures.

L'objectif est aujourd'hui clairement de « punir » Moscou. L'Occident emmené par les Etats-Unis, est devenu le « père fouettard » du monde avec une nouvelle bible « droits-de-l'hommiste », qui remplace à merveille l'argument des « bienfaits de la civilisation » que la Chrétienté avait exporté durant la période de colonisation. Il convient de souligner que les Etats-Unis, pour leur part, n'ont jamais « colonisé » des « indigènes » et qu'ils ont même parfois aidé à chasser les « vilains colonisateurs » - particulièrement français -, pour apporter leur civilisation « hamburger » (au propre comme au figuré) aux Vietnamiens et à quelques autres peuples asiatiques qui n'avaient pas très bien compris où se trouvait le camp du « bien ». 

L'humiliation des Russes

Il y a de nombreuses années, l'auteur de ces lignes, a côtoyé l'ennemi « carmin » (le déjà « politiquement correct » interdisait le mot « rouge » qui faisait trop référence à un puissant parti politique français). Si l'ordre en avait été donné, il aurait été prêt à se lancer - à son modeste niveau - dans un conflit qu'il devinait perdu d'avance car même les stratèges ne donnaient que trois jours à l'Armée rouge pour atteindre les rives européennes de l'Atlantique. Il était frappant de constater que lors de toutes les manœuvres, le corps de bataille français s'attaquait à la « tête d'avant-garde » ou au« flanc-garde » des forces du Pacte de Varsovie. Qu'en était-il du « gros » des forces ennemies[3] ? D'autant que lors des conflits mondiaux, les Américains ont toujours mis un certain temps à se décider à entrer en lice (1917 pour le Première Guerre mondiale, 1941 pour la Seconde[4]). Qu'importe, c'était pour la gloire et puis, il était tout de même probable que les forces américaines auraient été engagées plus rapidement que précédemment puisqu'elles étaient présentes physiquement sur le sol européen. Lorsque l'auteur a rencontré pour la première fois deux de ses homologues soviétiques (un officier de l'Armée rouge surveillé de près par un commissaire politique) lors d'un passage réglementaire du Rideau de fer, il a ressenti un certain « respect » pour ses interlocuteurs. Nous étions prêts à nous entretuer si les politiques nous en donnaient l'ordre[5], mais nous respections.

Or, ce sentiment semble totalement étranger aux Américains. Ce n'est pas qu'ils méprisent tout ce qui est étranger à leur monde : il ne le « considèrent » pas. Les Etats-Unis sont immenses ce qui permet à ses habitants d'ignorer superbement le reste de la planète. De plus, leurs profondes racines religieuses peuvent parfois les faire ressembler aux intégristes iraniens. Ce qui est sûr, c'est que leurs dirigeants sont totalement convaincus de leur bon droit et de la mission quasi divine dont ils ont été investis. Tout étranger qui ne se range pas aux positions des l'Amérique est, par définition, un bad guy.

Petit rappel historique 

Lorsque le Mur est tombé et que le Pacte de Varsovie a été dissous, les Américains n'ont montré aucun respect pour le pouvoir en place à Moscou ni pour les Russes. Le camp communiste avait perdu la Guerre froide et l'axiome « malheur au vaincu » s'appliqua pleinement. L'important pour les Américains était alors de faire du business : un nouveau marché s'ouvrait. Les oligarques russes ont bien profité de cette époque troublée pour s'enrichir personnellement, n'étant pas trop regardants sur les moyens utilisés. Parallèlement, le crime organisé slave a connu une croissance exponentielle, nouant des accords avec ses homologues occidentaux. Comme d'habitude, l'économie criminelle était en avance sur sa consoeur légale. Auparavant, le Rideau de fer servait, accessoirement, à limiter les échanges mafieux entre les deux mondes. C'était d'ailleurs là son seul côté positif.

Poursuivant dans l'humiliation, la promesse faite par le président Bush père à Gorbatchev - mais les promesse n'engagent que ceux qui les croient - de ne pas étendre l'OTAN aux marches de la Russie a été bafouée[6] renforçant le vieux sentiment d'encerclement qui a toujours hanté Moscou, que le pays fut tsariste ou communiste. De plus, le doute quant à la valeur de la parole donnée par les Américains a commencé à s'insinuer. C'est devenu une certitude en 1999, lorsque les forces de l'OTAN ont bombardé la Serbie, grand allié de Moscou, lors de l'opération Allied Force dans le cadre du conflit au Kosovo.

La Russie n'a pas réagi à l'époque pour deux raisons : elle se sentait alors bien trop faible à tous points de vue et, surtout, elle avait à se faire « pardonner » les deux guerres de Tchétchénie. Il faut reconnaître que les protestations internationales contre les exactions de l'armée russe et des milices locales étaient restées très limitées.

Vladimir Poutine pris alors la place de Boris Eltsine au Kremlin et les choses ont commencé à changer. Sous son impulsion, force est de constater que la Russie est passée d'une économie de marché erratique - régie par différents oligarques dont certains avaient des comportements mafieux - à un dirigisme centralisé repeint aux couleurs de la « démocratie » pour ne pas trop heurter les habituels donneurs de leçons occidentaux, car il convenait de préserver les investissements financiers cruciaux pour sortir le pays de la misère.

La « révolution orange » de 2004 en Ukraine fut regardée avec suspicion depuis Moscou, d'autant qu'elle fut influencée par des groupes proches du mouvement Optor, lequel avait été partie prenante dans la chute de Slobodan Milosevic, en Serbie, en 2000, puis de la « révolution des roses » en Géorgie, en 2003. Pour Moscou, le mouvement Optor est un organisme subversif piloté directement par Washington qui le finance via le National Endowment for Democracy (NED). L'objectif du NED est de s'opposer, à travers le monde, à tout ce qui est considéré comme hostile aux intérêts américains.

2008 a été une année charnière : Moscou s'est opposé directement à l'influence de l'Occident en annexant militairement l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, qui ont désormais un statut d'Etats indépendants uniquement reconnu par la Russie, le Nicaragua, le Venezuela et Nauru. Pour la Russie, c'était le premier coup d'arrêt porté aux volontés expansionnistes américaines.

En 2011, la Russie et la Chine laissaient passer - grâce à leur abstention - la résolution 1973 au Conseil de sécurité des Nations unies qui légitimait l'intervention militaire occidentale en Libye pour « protéger les populations civiles ». En fait, cette intervention qui dépassa largement son mandat permis de renverser le régime du colonel Kadhafi. Moscou et Pékin jurèrent alors que l'on ne les y reprendraient pas car, pour les deux capitales, l'humiliation était trop grande. La confiance de la Russie en la parole occidentale était définitivement perdue. 

Les cas syrien et iranien

Cette défiance explique, pour partie, la politique menée aujourd'hui par Moscou dans le cadre de la crise syrienne et dans les négociations menées avec Téhéran pour stopper son programme nucléaire militaire.

Ces dernières années, les menaces de bombardements occidentaux contre ces deux Etats n'ont pas manqué. En ce qui concerne la Syrie, cela semble avoir été évité de peu, en particulier en raison du retrait britannique qui a poussé indirectement Washington à ne pas se lancer dans l'aventure. Il est possible que cette option soit de nouveau envisagée en raison de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Washington ne discute plus directement avec Damas et doit obligatoirement passer par l'intermédiaire de Moscou. Il est aisé de deviner le levier que cela constitue désormais, la Syrie n'étant plus qu'un pion dans le « grand jeu » qui est en train de se nouer au Proche-Orient. Il convient de ne pas oublier qu'à travers la Syrie, c'est l'Iran qui est visé par les Etats-Unis. Bien sûr, l'Arabie saoudite pousse à la roue, le régime des mollahs étant l'ennemi intime de la famille royale.

 

guerre-froide

 *

 

L'expression « Guerre froide » est donc de retour. Les possibilités de dérapages sont de plus en plus nombreuses. Près du véritable baril d'explosif que constitue désormais l'opposition ouverte entre les Etats-Unis et la Russie, plusieurs étincelles peuvent mettre le feu aux poudres. D'abord l'Ukraine avec toutes les provocations qui peuvent intervenir de part et d'autre. La Syrie dont les forces gouvernementales sont repassées à l'offensive depuis que l'opposition connaît une guerre interne entre les forces soutenues par l'Arabie saoudite, d'une part, le Qatar et la Turquie d'autre part, auxquelles s'ajoutent les « indépendants » de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (EIIL). L'Iran est aussi d'actualité, les mollahs jouant complaisamment l'apaisement et la provocation. L'Etat hébreu peut, tout d'un coup, décider que cela suffit et déclencher seul des frappes qui enclencheraient un processus dont la fin est difficilement prévisible.

Alors, que doivent faire les dirigeants français ? La même chose que leurs homologues américains et russes : mettre au-dessus de tout l'intérêt de leurs administrés. Ces derniers les ont élu pour cela et non pour jouer les apprentis sorciers sur la scène internationale. Autant les interventions militaires françaises au Mali et en Centrafrique[7] sont justifiées car les intérêts mêmes du pays sont concernés, autant en Europe centrale ce n'est pas le cas. Il est même probable que cela pourrait nous coûter très cher, alors même que notre pays est au bord de la faillite. Alors que tous les partis politiques se réclament du gaullisme, il serait peut-être temps, pour eux, de revenir à certains de ses fondamentaux qui sont l'indépendance nationale et l'intérêt du peuple.

Quant aux « va-t'en guerre » évoqués en introduction, personne ne s'étonnera de constater que ce sont des individus qui n'ont aucune notion d'art militaire...

 

 


  • [1] Les néocons ne sont pas tous Républicains (John McCain et Sarah Palin en sont certes les représentations les plus outrancières) mais se rencontrent également chez les Démocrates : Hillary Clinton en est l'exemple typique.
  • [2] Il est vrai que la France avait fait plus fort en le faisant dès 2012, ce qui a permis de perdre totalement le contact avec Damas
  • [3] En fait, dans l'esprit des stratèges, il était justiciable d'une rafale de Pluton (missiles sol-sol à tête nucléaire). Il ne fallait pas le clamer trop fort car la zone de tir probable se trouvait en Allemagne fédérale.
  • [4] Qu'ils en soient ici remerciés, car sans eux, nous serions tous « en Germanie » comme le chantait un artiste populaire. A la différence du président afghan Karzaï, par gratitude, les autorités françaises d'après-guerre leur ont pardonné les pertes collatérales infligées lors bombardements des villes normandes
  • [5] Les guerres sont déclenchées par des gens qui se connaissent très bien (et qui généralement ne risquent physiquement pas grand-chose) et sont faites par des personnes qui ne se connaissent pas (ces dernières ont beaucoup de chances d'y rester).
  • [6] Les pays suivants ont rejoint l'OTAN depuis la fin de la Guerre froide : Hongrie, Pologne, République tchèque, Estonie, Lettonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie et Slovénie. L'Ukraine et la Géorgie ont failli faire de même.
  • [7] Il est curieux que les Européens, si prompts à demander l'appui de la France, ne soient pas présents à ses côtés dans ce combat contre le terrorisme, qui les menace également.

 

18 juin 2014

Les États-Unis, pilier du monde occidental, étouffent sous le poids de la dette.

(source : http://www.bvoltaire.fr/pierrehillard/mise-mort-du-dollar,88802)

Un article de Pierre Hillard :

Les événements secouant l’Ukraine, depuis février 2014, soulignent une opposition frontale entre l’Union européenne et les États-Unis d’un côté, et la Russie de l’autre. Les volontés de Poutine d’instaurer une zone de libre-échange de Lisbonne au Pacifique – proposition du 28 janvier 2014 – ont soulevé l’ire des Anglo-Saxons. En effet, l’ambition russe aurait réduit à néant le projet du marché transatlantique cher à Londres et à Washington. Les événements à Kiev, partis de la place Maïdan, ont désormais créé un gouffre entre le monde russe et le bloc euro-atlantique. L’Ukraine étant le carrefour de rivalités entre ces deux mondes, ceux-ci se sont engagés dans une lutte où les sanctions pleuvent des deux côtés. Pour l’Occident, il est aisé d’annoncer des mesures coercitives – comme l’exclusion de la Russie du G8 devenu G7 – en oubliant, toutefois, que les mesures de rétorsion du monde russe en liaison avec Pékin risquent d’avoir des conséquences dévastatrices.
Les États-Unis, pilier du monde occidental, étouffent sous le poids de la dette. Le dollar, véritable monnaie d’échange mondiale, est de plus en plus remis en question par de nombreux pays, ce qui menace à terme la crédibilité de cette monnaie. Près de 6.000 milliards de dollars de bons du Trésor sont détenus de par le monde. La Chine et la Russie détiennent environ 23 % de ceux-ci, respectivement 1.272,1 milliards et 100,4 milliards (mars 2014). À cela, il faut ajouter que la monnaie américaine est le moyen d’échange pour les matières premières, en particulier le pétrole et le gaz. Le refus d’utiliser le dollar peut coûter très cher au pays récalcitrant. L’Irak de Saddam Hussein en sait quelque chose. Or, c’est la politique poursuivie par Poutine en liaison avec la Chine, consistant à se débarrasser du dollar dans leurs échanges, qui prend tournure depuis février/mars 2014. Les oligarques américains semblent préparés à cette révolution, voire en être les initiateurs. En effet, un véritable message pour initiés a été délivré dans le Washington Times, le 25 octobre 2012, sous la plume d’une pointure du système, Grady Means (économiste au service de Nelson Rockefeller). Rappelant que la solidité du dollar ne tient que par son utilisation dans le monde entier, et constatant un désengagement croissant de nombreux pays à l’égard de cette monnaie, cet oligarque annonçait un effondrement de l’économie américaine pour le 4 mars 2014. Bien que cet événement ne se soit pas réalisé à la date prédite, force est de constater que le processus d’effondrement du dollar et du système occidental a étrangement commencé, suite aux événements de la place Maïdan en février 2014.
En effet, sous l’égide du gouvernement russe, le vice-Premier ministre Igor Chouvalov a présidé, le 24 avril dernier, une réunion en liaison avec le chargé des finances, Alexei Moiseev, consistant à se débarrasser du dollar dans les exportations russes. La « dédollarisation » fut le maître mot de cette réunion. Depuis, cette politique s’est accélérée avec la signature d’un méga-contrat gazier évalué à 400 milliards de dollars, le 20 mai 2014, entre la Russie et la Chine. Cependant, les représentants des deux pays se sont engagés à utiliser leurs monnaies respectives dans cet échange commercial. Politique qui se renforce, au même moment, avec des accords signés entre la seconde banque russe, la VTB, et la Banque de Chine. Ces deux partenaires affichent leurs intentions d’intensifier leurs échanges en roubles et en yuans. À cela, il faut ajouter la création d’une agence de notation financière russo-chinoise. Pareil à une rafale face aux sanctions occidentales, il a été créé une « Union économique eurasiatique », le 29 mai 2014, réunissant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. Ce bloc, prélude à « l’Union eurasienne supranationale » selon les propres termes de Poutine , doit s’agencer dans le cadre d’une gouvernance mondiale où les oligarques de chaque bloc défendront âprement leur part du gâteau. Enfin, signalons que Gazprom a signé, le 6 juin, une série d’accords avec la possibilité de se passer du dollar au profit de l’euro. Au même moment, la Russie annonce sa volonté de se « dédollariser » encore plus en commerçant avec les pays asiatiques dans leurs monnaies respectives.
Face à une telle avalanche de mesures russes et chinoises, nous pouvons conclure que le compte à rebours conduisant à la mise à mort du « roi dollar » a été lancé.

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15 juin 2014

Résumé de "La Quatrième Théorie Politique" d'Alexandre Douguine.

 

La Quatrième théorie politique

 

La fin du XXème siècle - la fin de l’Époque moderne

 

Le XXème siècle s’est achevé mais nous commençons seulement maintenant à nous en rendre compte. Le XXème siècle a été le siècle des idéologies. Si, au cours des siècles passés, les religions, les dynasties, les couches sociales, les États-nations ont joué un rôle considérable dans la vie des peuples et des sociétés, au XXème siècle la politique s’est déplacée vers le domaine purement idéologique, recouvrant d’une nouvelle façon la carte du monde, des peuples et des civilisations. Les idéologies partiellement politiques incarnaient des tendances anciennes, profondes et civilisationnelles. Elles étaient également, en partie, particulièrement novatrices.

 

Toutes les idéologies politiques qui ont atteint leur pic de diffusion et d’influence au XXème siècle étaient une création des Temps modernes et incarnaient de façon diverse, voire sous des signes différents, l’esprit moderne. Aujourd’hui, nous quittons précipitamment cette époque. C’est pourquoi on mentionne de plus en plus souvent une « crise des idéologies », voire « la fin des idéologies » (1) (ainsi, la Constitution de la Fédération de Russie nie clairement l’existence d’une idéologie d’État). Il est donc temps d’examiner cette question plus en détails.

 

Les Trois principales idéologies et leur destin au XXème siècle

 

Les idéologies principales du XXème siècle ont été :

 

- le libéralisme (de droite et de gauche),

 

- le communisme (y compris le marxisme, ainsi que le socialisme et la social-démocratie),

 

- le fascisme (y compris le national-socialisme et d’autres variétés de « la troisième voie » - le national-syndicalisme de Franco, le justicialisme de Peron, le régime de Salazar, etc.).

 

Elles ont lutté entre elles non pas pour la vie mais jusqu’à la mort, formant, de fait, toute la dramatique et sanglante histoire politique du XXème siècle. Il serait logique d’attribuer à ces idéologies (les théories politiques) un numéro d’ordre – tant en vertu de leur importance qu’en fonction de leur ordre d’apparition, comme nous l’avons fait plus haut.

 

 

La Première théorie politique est le libéralisme. Il est apparu le premier (dès le XVIIIème siècle) et s’est avéré le plus stable et le plus fructueux, puisqu’il a fini par vaincre ses adversaires dans une épreuve de force historique. Par cette victoire, il a prouvé entre autres choses le bien-fondé de sa prétention à la totalité de l’héritage du siècle des Lumières. Aujourd’hui, il est évident que le libéralisme correspondait le plus exactement à l’Époque moderne. Bien que cela ait été auparavant contesté (notamment de façon dramatique, active et parfois convaincante) par une autre théorie politique - le communisme.

 

 

Il est juste de nommer le communisme (de même que le socialisme dans toutes ses variantes) Deuxième théorie politique. Elle est apparue après le libéralisme – en tant que réaction critique à l’établissement du système bourgeois capitaliste, dont le libéralisme était l’expression idéologique.

 

 

Et enfin, le fascisme constitue la Troisième théorie politique. En prétendant à sa propre interprétation de l’esprit de l’Époque moderne (de nombreux observateurs, dont Hannah Arendt (2), considèrent justement le totalitarisme comme une des formes politiques de l’Époque moderne), le fascisme s’adressait d’autre part aux idées et aux symboles de la société traditionnelle. Dans un cas cela a engendré l’éclectisme, dans d’autres - l’aspiration des conservateurs à prendre la tête de la révolution au lieu de lui résister et à mener la société dans un sens opposé (Arthur Moeller van den Bruck, D. Merejkovsky, etc.).

 

 

Le fascisme est apparu après les autres grandes théories politiques et a disparu avant elles. L’alliance des Première et deuxième théories politiques, ainsi que les erreurs géopolitiques suicidaires d’Hitler l’ont abattu en vol. La Troisième théorie politique a péri de « mort violente », sans connaître ni la vieillesse, ni la décrépitude naturelle (à la différence de l’URSS). C’est pourquoi ce spectre sanglant, ce vampire affublé de l’aura du « mal mondial », apparaît si attirant pour les goûts décadents de l’époque postmoderne et effraie jusqu’à maintenant l’humanité.

 

Le fascisme, après avoir disparu, a laissé place à un affrontement entre la Première théorie politique et la Deuxième. Il a eu lieu sous la forme de la Guerre froide et a donné naissance à la géométrie stratégique du monde bipolaire qui a perduré presque un demi-siècle. En 1991, la Première théorie politique (le libéralisme) a vaincu la Deuxième (le socialisme). Ce fut le crépuscule du communisme à l’échelle mondiale.

 

 

 

Donc, à la fin du XXème siècle, des trois théories politiques capables de mobiliser des masses de millions d’individus sur toute la surface de la planète, il n’en est resté qu’une, la théorie libérale. Or, alors qu’elle était restée la seule, tous se sont mis à évoquer à l’unisson « la fin des idéologies ». Pourquoi ?

 

 

 

Lafin du libéralisme et le post-libéralisme

 

 

Il s’avère que la victoire du libéralisme (la Première théorie politique) a coïncidé avec sa fin. Mais ce paradoxe n’est qu’apparent.

 

 

Le libéralisme représentait initialement une idéologie pas aussi dogmatique que le marxisme, mais néanmoins philosophique, structurée et élaborée. Le libéralisme s’est opposé d’un point de vue idéologique au marxisme et au fascisme en leur menant une guerre non seulement technologique pour la survie, mais en défendant le monopole du droit à la formation du modèle du futur. Alors que les autres idéologies concurrentes étaient encore vivantes, le libéralisme perdurait et se renforçait précisément en tant qu’idéologie, c’est-à-dire en tant qu’ensemble d’idées, de manières de voir et de projets propres au sujet historique. Chacune des trois théories politiques possédait son sujet. Le sujet du communisme était la classe. Le sujet du fascisme - l’État (dans le fascisme italien de Mussolini) ou la race (dans le national-socialisme d’Hitler). Dans le libéralisme apparaît comme sujet l’individu, libéré de toutes les formes d’identité collective, de toute appartenance.

 

Alors que la lutte idéologique mettait en scène des adversaires formels, des peuples entiers et des sociétés pouvaient choisir (ne fût-ce que de façon théorique) le sujet sur lequel ils pouvaient se concentrer : la classe, la race, (l’État) ou l’individu. La victoire du libéralisme a résolu ce problème : l’individu est devenu le sujet normatif à l’échelle de toute l’humanité.

 

 Apparaît alors le phénomène de la mondialisation, et le modèle de la société post-industrielle commence à se manifester, l’époque du postmoderne commence. Désormais, le sujet individuel n’apparaît plus comme le résultat d’un choix mais comme une certaine donnée générale obligatoire. La personne est libérée de « l’appartenance », l’idéologie « des droits de l’homme » devient communément acceptée (du moins – en théorie) et, dans les faits, obligatoire.

 

L’humanité, composée d’individus, tend naturellement vers l’universalité, devient globale et unifiée. Ainsi naît le projet d’« État mondial » et de « gouvernement mondial » (le globalisme).

 

Un nouveau niveau de développement technologique permet d’atteindre l’indépendance vis-à-vis des classes qui structurent les sociétés industrielles (post-industrialisme).

 

 

Les valeurs du rationalisme, de la scientificité et du positivisme sont perçues comme « des formes voilées des stratégies totalitaires répressives » (les grands narratifs) et se voient soumises à la critique tandis que parallèlement, on assiste à une glorification de la liberté totale et de l’indépendance du principe individuel vis-à-vis de tous les facteurs inhibant, y compris la raison, la morale, l’identité (sociale, ethnique, même sexuée), les disciplines, etc., (le postmoderne).

 

À cette étape, le libéralisme cesse d’être la Première théorie politique mais devient la seule pratique post-politique. La « fin de l’histoire » se profile alors, la politique est remplacée par l’économie (le marché mondial), les États et les nations sont entraînés dans le chaudron de la globalisation à l’échelle planétaire.

 

Vainqueur, le libéralisme disparaît, en se transformant en quelque chose d’autre, le post-libéralisme. Il ne comporte plus de dimension politique, il n’apparaît pas comme une question de libre choix mais devient une sorte de « destin » (d’où la thèse de la société postindustrielle : « L’économie est le destin »).

 

 

Donc, le début du XXIème siècle coïncide avec le moment de la fin des idéologies, qui plus est de toutes les idéologies. Elles ont connu des fins diverses : la Troisième théorie politique a été anéantie durant « sa jeunesse », la deuxième est morte caduque, la première est née une seconde fois sous une autre forme, le post-libéralisme, « la société de marché globale ». Mais dans tous les cas, sous la forme sous laquelle elles existaient au XXème siècle, elles n’apparaissent plus ni utiles, ni efficientes, ni adaptées. Elles n’expliquent rien et ne nous aident pas à comprendre le présent, pas plus qu’à répondre aux défis globaux.

 

 

 

De cette constatation découle le besoin d’une Quatrième théorie politique.

 

 

 

LaQuatrième théorie politique comme opposition au statu quo

 

 

La Quatrième théorie politique ne peut pas nous être donnée par elle-même. Elle peut aussi bien apparaître que ne pas apparaître. La condition de son apparition est le désaccord. Le désaccord avec le post-libéralisme comme avec la pratique universelle, avec la mondialisation, avec le postmoderne, avec « la fin de l’histoire » ou du statu quo, avec le développement par inertie des principaux processus civilisationnels à l’aube du XXIème siècle.

 

 

Le statu quo et l’inertie ne supposent absolument pas de théorie politique. Le monde global doit être dirigé seulement par les lois économiques et la morale universelle des « droits de l’homme ». Toutes les décisions politiques sont remplacées par des techniques. La technique et la technologie remplacent par elles-mêmes tout le reste (le philosophe français Alain de Benoist appelle cela « la gouvernance »). En lieu et place des politiques qui prenaient les décisions historiques, on trouve des managers et des technologues optimisant la logistique de la gouvernance. Les masses d’êtres humains sont assimilées à une masse unique des objets individuels. C’est pourquoi la réalité post-libérale (la virtualité évinçant de plus en plus la réalité), conduit directement à l’abolition complète de la politique.

 

D’aucuns pourraient objecter ce qui suit : les libéraux « mentent » quand ils évoquent « la fin des idéologies » (ma polémique avec le philosophe A. Zinoviev portait précisément sur ce point), et, qu’en fait, ils restent fidèles à leur idéologie et refusent simplement aux autres le droit à l’existence. Cela n’est pas tout à fait le cas. Quand le libéralisme, position idéologique, devient le seul contenu de l’existant social et technologique présent, il ne s’agit déjà plus d’une « idéologie », il s’agit d’un fait existant, il s’agit de l’ordre des choses « objectif », qu’il n’est pas simplement difficile mais absurde de contester. Le libéralisme à l’époque du postmoderne passe de la sphère du sujet à la sphère de l’objet. Cela conduira à terme au remplacement complet de la réalité par la virtualité.

 

La Quatrième théorie politique se conçoit donc comme une alternative au post-libéralisme, non pas comme une position par rapport à une autre, mais comme idée opposée à la matière ; comme un possible entrant en conflit avec le réel ; comme un réel n’existant pas mais attaquant déjà le réel.

 

 

De plus, la Quatrième théorie politique ne peut pas être la suite ni de la Deuxième théorie politique, ni de la Troisième. La fin du fascisme, comme la fin du communisme, ont été non seulement des malentendus dus au hasard, mais également l’expression de la logique tout à fait claire de l’Histoire. Ils ont lancé un défi à l’Esprit moderne, le fascisme l’ayant fait presque ouvertement, le communisme de façon voilée (voir l’interprétation de la période soviétique comme version « eschatologique » de la société traditionnelle chez Mikhaïl Agoursky (3) ou Sergueï Kara-Mourza - 4), et ils ont perdu.

 

Ainsi, la lutte contre la métamorphose postmoderniste du libéralisme en postmoderne et en globalisme doit être qualitativement autre, se fonder sur des principes nouveaux et proposer de nouvelles stratégies.

 

Néanmoins, le point de départ de cette idéologie, possible mais non garantie, non fatale, non prédéterminée, résultant de la volonté libre de la personne, de son esprit, et non des processus historiques impersonnels, est notamment la négation de l’essence du postmoderne.

 

Cependant, cette essence (de même que la recherche malaisée des dessous de la modernité, qui a réalisé de façon tellement complète son contenu qu’elle a épuisé ses possibilités intérieures et est passée au stade ironique du recyclage des étapes passées), constitue quelque chose de tout à fait nouveau, d’auparavant inconnu et qui n’avait été prévu que de façon intuitive et fragmentaire lors d’anciennes étapes de l’histoire et de la lutte idéologique.

 

 

La Quatrième théorie politique apparaît donc comme un projet de « croisade » contre le postmoderne, la société postindustrielle, le projet libéral réalisé dans la pratique, le globalisme et ses fondements logistiques et technologiques.

 

Si la Troisième théorie politique critiquait le capitalisme à sa droite, et la Deuxième à sa gauche, à cette nouvelle étape, l’ancienne topographie politique n’existe plus : par rapport au post-libéralisme, il est impossible de définir où est la droite et où est la gauche. Il y a seulement deux positions : l’accord (le centre) et le désaccord (la périphérie). Qui plus est, l’un et l’autre sont globaux.

 

 

La Quatrième théorie politique constitue donc une concentration dans un projet et un élan communs de tout de ce qui s’est avéré abandonné, rejeté, humilié au cours de la construction de « la société du spectacle » (le postmoderne). « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Évangile de Marc, 12:10). Le philosophe Alexandre Sekatsky indique justement l’importance « des marges » pour la formation d’un nouvel éon philosophique en proposant à titre de métaphore l’expression de « métaphysique des ordures ».

 

 

 

La bataille pour le postmoderne

 

 

La Quatrième théorie politique a affaire à une nouvelle incarnation de son vieil ennemi. Elle conteste le libéralisme, comme les Deuxième et Troisième théories politiques passées, mais le conteste dans un nouvel état. La nouveauté importante de cet état consiste en ce que seul le libéralisme, parmi les trois grandes idéologies politiques, a défendu son droit à l’héritage de la modernité et a obtenu le droit de former « la fin de l’histoire » sur la base de ses prémisses.

 

 

La fin de l’histoire aurait pu théoriquement être différente : « le Reich planétaire » (en cas de victoire des nazis), « le communisme mondial » (si les communistes avaient eu raison). Or, « la fin de l’histoire » s’est avérée précisément libérale (ce qu’avait pressenti le premier le philosophe Alexandre Kojève (5), dont les idées ont été reprises par Francis Fukuyama - 6). Mais puisqu’il en est ainsi, toute invocation de la modernité et de ses prémisses, auxquelles à un degré ou à un autre se référaient les représentants de la Deuxième (en grande partie) et de la Troisième théorie politique, perd sa pertinence. Elles ont perdu la bataille de la modernité moderne (les libéraux l’ont gagnée). C’est pourquoi, le thème de la modernité (comme d’ailleurs celui de la modernisation) peut être retiré de l’ordre du jour. La bataille de la postmodernité commence.

 

 

Et c’est précisément ici que s’ouvrent pour la Quatrième théorie politique de nouvelles perspectives. Ce postmoderne, qui se réalise aujourd’hui dans la pratique (le postmoderne post-libéral), annule la sévère logique de la modernité ; après que le but a été atteint, les étapes visant à l’atteindre perdent leur signification. La pression du corpus idéologique s’affaiblit. La dictature des idées se change en une dictature des objets, des codes d’accès (login-password), des codes-barres. De nouveaux trous apparaissent dans le tissu de la réalité postmoderne.

 

Comme en leur temps la Troisième et la Deuxième théorie politique (comprise comme la version eschatologique du traditionalisme) avaient tenté de « dompter la modernité » dans leur lutte contre le libéralisme (la Première théorie politique), il existe aujourd’hui une chance de réaliser quelque chose d’analogue avec le postmoderne, en utilisant précisément « les nouveaux trous » de ce dernier.

 

Contre les alternatives idéologiques rectilignes, le libéralisme a élaboré des moyens extraordinairement efficaces sur lesquels est fondée sa victoire. Mais celle-ci porte précisément en elle le plus grand risque pour le libéralisme. Il faut seulement déterminer ces nouveaux éléments dangereux pour le système mondial global, déchiffrer les codes d’accès pour forcer le système. Du moins, pour tenter de le faire. Les événements du 11 septembre à New York suggèrent que cela est possible, notamment d’une façon technologique. La société des réseaux peut offrir quelque chose même à ses adversaires déclarés. Dans tous les cas, il est nécessaire, en premier lieu, de comprendre le postmoderne et cette situation nouvelle d’une façon non moins profonde que celle dont Marx avait compris la structure du capitalisme industriel.

 

 

Dans le postmoderne, dans la liquidation du programme des Lumières et d’avènement de la société des simulacres, la Quatrième théorie politique doit puiser son « inspiration noire », en percevant cela comme une motivation pour la lutte, et non comme une donnée fatale. On peut tirer de cette situation certaines conclusions pratiques concernant la structure de la Quatrième théorie politique.

 

 

 

La réinterprétation du passé et les vaincus

 

 

Si les Deuxième et Troisième théories politiques sont inacceptables en tant que point de départ de l’opposition au libéralisme, particulièrement en raison de la façon dont elles se comprenaient elles-mêmes, de ce à quoi elles appelaient et de la façon dont elles ont agi, rien n’empêche de modifier l’interprétation du fait même de leur défaite comme quelque chose de positif. Puisque la logique de l’histoire des Temps modernes a amené au postmoderne, ce dernier constituait donc l’essence secrète (qui s’est dévoilée seulement vers sa fin) de ceux-ci.

 

 

Les Deuxième et Troisième théories politiques se vivaient elles-mêmes comme des candidates à l’expression de la modernité. Et ces prétentions ont échoué avec fracas. Tout ce qui, dans les anciennes idéologies, est lié à ces intentions non réalisées apparaît pour les créateurs de la Quatrième théorie politique comme le moins intéressant. Toutefois, le fait même qu’elles aient perdu, doit être considéré plutôt comme leur valeur que comme leur défaut. Après qu’elles ont perdu, elles ont prouvé par là-même qu’elles n’appartenaient pas à l’esprit moderne qui, à son tour, a conduit à la matrice post-libérale. Leur valeur réside précisément en cela. De plus, cela signifie que les représentants des Deuxième et Troisième théories politiques, qu’ils en soient conscients ou non, se trouvaient du côté de la Tradition, bien qu’ils n’en aient pas tiré les conclusions nécessaires et ne l’aient aucunement reconnu.

 

Il est nécessaire de repenser l’interprétation des Deuxième et Troisième théories politiques, après avoir déterminé ce qu’il convient de rejeter et ce qui offre une certaine valeur. En tant qu’idéologies finies ne visant qu’elles-mêmes, elles sont entièrement inappropriées, tant sur le plan théorique que pratique, mais certains de leurs éléments marginaux en général non réalisés et situés à leur périphérie ou dans l’ombre (évoquons à nouveau la « métaphysique des ordures »), peuvent, de façon inattendue, s’avérer extraordinairement précieux, riches de sens et d’intuitions.

 

Cependant, dans tous les cas, il est nécessaire de modifier l’interprétation des Deuxième et Troisième théories politiques à l’aide de nouvelles clés, depuis de nouvelles positions et seulement après avoir refusé tout crédit à ces structures idéologiques, sur lesquelles reposaient leur « orthodoxie ». Leur orthodoxie constitue le moins intéressant et le plus inutile en elles. Une lecture croisée de ces théories apparaîtra beaucoup plus productive : « Marx à travers un regard positif de droite » ou « Evola à travers un regard positif de gauche ». Mais un tel contenu « national-bolchevique » fascinant (dans l’esprit de N. Oustrialov ou d’E. Niekisch) ne suffit pas à lui seul car la construction mécanique des Deuxième et Troisième théories politiques en elle-même ne nous mènera nulle part. Ce n’est que rétrospectivement que nous pourrons dessiner les contours de leur zone de convergence, fermement opposée au libéralisme. Il s’agit d’une mesure méthodologique aussi utile qu’un échauffement, avant l’élaboration pleine et entière de la Quatrième théorie politique.

 

 

Une lecture réellement importante et décisive des Deuxième et Troisième théories politiques apparaît déjà possible seulement à la lumière de la Quatrième théorie politique une fois constituée, où le postmoderne et ses conditions figurent comme objet (bien que niés de façon radicale en tant que valeurs !) : le monde global, la gouvernance, la société de marché, l’universalisme des droits de l’homme, « la domination réelle du capital », etc.

 

 

 

Leretour de la Tradition et de la théologie

 

 

 

La tradition (la religion, la hiérarchie, la famille) et ses valeurs ont été jetées à bas à l’aube de la modernité. Sur le fond, les trois théories politiques étaient pensées comme des structures artificielles idéologiques d’individus interprétant (différemment) « la mort de Dieu » (F. Nietzsche), « le désenchantement du monde » (M. Weber), « la fin du sacré ». Voilà en quoi consistait le nerf de la Nouvelle ère : l’homme avait pris la place de Dieu, la philosophie et la science, celle de la religion, tandis que les structures rationnelles, volontaires et technologiques avaient remplacé la Révélation.

 

 

Or, si le moderne s’est épuisé dans le postmoderne, en même temps s’achève la période de lutte ouverte contre le religieux. La religion n’est pas hostile aux hommes du postmoderne, mais leur est indifférente. De plus, certains aspects de la religion ayant trait, en général, aux régions de l’enfer (« la texture des démons » des philosophes-postmodernistes), apparaissent assez attirants. Dans tous les cas, l’époque de la persécution de la Tradition est révolue bien que, selon la logique du post-libéralisme, cela nous amène, probablement, à la création d’une nouvelle pseudo-religion mondiale, fondée sur des bribes dépareillées de cultes syncrétiques, à un œcuménisme impétueux et chaotique, à la « tolérance ». Et bien qu’une telle évolution des événements soit d’une certaine façon quelque chose de plus terrible encore qu’un athéisme direct et irréfléchi et que le matérialisme dogmatique, l’affaiblissement des persécutions de la Foi peut devenir pour la foi une chance, si les porteurs de la Quatrième théorie politique se montrent conséquents et intraitables dans la protection des idéaux et des valeurs de la Tradition.

 

 

On peut aujourd’hui défendre au titre de programme politique ce qui était mis hors-la-loi par l’époque du moderne. Et cela n’a pas l’air aussi ridicule et vain que par le passé. Ne serait-ce qu’en raison du fait qu’en général, tout dans le postmoderne apparaît ridicule et vain, y compris ses éléments les plus glamours : ce n’est pas un hasard si les héros du postmoderne sont des freaks et des avortons, des travestis et des dégénérés, c’est la loi du genre. À côté des clowns mondiaux, rien ni personne n’aura l’air « trop archaïque », même les hommes de la Tradition ignorant les impératifs de la Nouvelle ère. Tant les succès notables du fondamentalisme islamique, que la renaissance de l’influence des sectes protestantes particulièrement archaïques (dispensationalistes, mormons, etc.) sur la politique des États-Unis (Bush a commencé la guerre en Irak parce que, d’après lui, « Dieu m’a dit : “Frappe en Irak !” », ce qui se situe tout à fait dans l’esprit de ses mentors méthodistes protestants) illustrent le bien-fondé de cette affirmation.

 

Ainsi, la Quatrième théorie politique peut de plein droit s’adresser à ce qui a précédé la modernité, et y puiser son inspiration. La reconnaissance de « la mort de Dieu » cesse d’être « une obligation impérieuse » pour ceux qui veulent rester sur la vague de l’actualité. Les individus postmodernes ont déjà tellement intériorisé cet événement qu’ils ne peuvent déjà plus le comprendre : « Qui est mort, dites-vous ? » Mais les concepteurs de la Quatrième théorie politique peuvent eux aussi complètement oublier cet « événement » : « Nous croyons en Dieu mais nous ignorons ceux qui enseignent sa mort, comme nous ignorons les paroles des fous ».

 

 

Ainsi, la théologie est de retour. Elle devient l’élément le plus important de la Quatrième théorie politique. Or, quand elle revient, le postmoderne (la mondialisation, le post-libéralisme, la société postindustrielle) s’identifie alors facilement au « règne de l’Antéchrist » (ou à ses analogues dans d’autres religions : « dajjal » chez les musulmans, « érev rav » chez les juifs, le « kali-yuga » chez les hindous, etc.). Et maintenant, il ne s’agit pas d’une simple métaphore mobilisant les masses, il s’agit d’un fait religieux, le fait de l’Apocalypse.

 

 

 

Mythe et tradition dans la Quatrième théorie politique

 

 

Si, pour la Quatrième théorie politique, l’athéisme des Temps modernes cesse d’être d’une certaine façon quelque chose d’obligatoire, la théologie des religions monothéistes, qui a évincé en son temps les autres cultures sacrées, ne constituera pas non plus la vérité en dernière instance (plus exactement elle peut l’être et peut ne pas l’être). Théoriquement, rien ne limite la profondeur de l’appel à d’anciennes valeurs archaïques, qui, correctement identifiées et comprises, peuvent parfaitement occuper une place déterminée dans une nouvelle structure idéologique. En se libérant de la nécessité de soumettre la théologie au rationalisme moderne, les porteurs de la Quatrième théorie politique peuvent tout à fait négliger ces éléments théologiques et dogmatiques, qui dans les sociétés monothéistes (particulièrement à leurs étapes tardives) ont été touchés par le rationalisme, ce qui, d’ailleurs, a précisément conduit à l’apparition sur les ruines de la culture chrétienne de l’Europe, dans un premier temps du déisme, puis de l’athéisme et du matérialisme au cours de la réalisation des étapes du programme des Temps modernes.

 

 

Non seulement il est possible de prendre comme bouclier les symboles supérieurs de la foi dépassant la raison mais aussi ces éléments irrationnels des cultes, les rites et les légendes, qui ont troublé les théologiens à des époques antérieures. Si nous rejetons le progrès comme idée propre à l’Époque moderne (qui, comme nous le voyons, s’est achevée), tout l’ancien retrouve pour nous sa valeur et sa force de conviction ne serait-ce que parce qu’il est ancien. Ancien signifie bon. Plus l’ancien est ancien, meilleur il est.

 

 

La plus ancienne des créations est le paradis. Les porteurs de la Quatrième théorie politique doivent dans le futur aspirer à le recouvrer.

 

 

 

Heidegger et « l’événement »

 

 

Et enfin, on peut noter le fondement profond, ontologique !, de la Quatrième théorie politique. Il faut s’adresser ici non aux théologies et aux mythologies, mais à l’expérience philosophique profonde du penseur, qui a réalisé une tentative unique de bâtir une ontologie fondamentale, la doctrine la plus généralisante, paradoxale, profonde et perçante sur l’être. Il s’agit de Martin Heidegger.

 

 

En bref, la conception de Heidegger est la suivante. À l’aube de l’idée philosophique, les hommes (les Européens, ou encore plus exactement, les Grecs) placent la question de l’être au centre de leur attention. Mais, en le thématisant, ils risquent de s’égarer dans les nuances de la relation particulièrement complexe entre l’être et la pensée, entre l’être au sens propre (Sein) et son expression dans le réel (Seiende), entre l’être humain (Dasein) et l’être en tant que tel (Sein). Cette inexactitude s’observe déjà dans la doctrine d’Héraclite sur la physis et le logos, ensuite elle apparaît évidemment visible chez Parménide, et enfin, chez Platon, qui pose les idées entre l’homme et le réel et qui a défini la vérité comme leur coïncidence (la théorie référentielle de la connaissance), cette inexactitude atteint son sommet. Apparaît alors ici une aliénation qui conduit graduellement à l’apparition de « la raison raisonnante », puis, au développement de la technique. Peu à peu, l’individu perd de vue son propre être et s’engage sur la voie du nihilisme. L’essence de la technique (fondée sur la relation technique au monde) exprime ce nihilisme qui s’accumule en permanence.

 

 

À l’Époque moderne, cette tendance atteint des sommets ; le développement technique (Gestell) évince définitivement l’être et porte sur le trône « le néant ». Heidegger détestait férocement le libéralisme, y compris son expression dans le « principe raisonnant », qui est à la base du « nihilisme occidental ».

 

Le postmoderne, que Heidegger n’a pas connu, est précisément dans tous les sens un oubli définitif de l’être, le « minuit », où le rien (le nihilisme) commence à apparaître dans toutes les fentes. Mais sa philosophie n’était pas totalement pessimiste. Il croyait que le rien est le verso même de l’être propre, qui, par cette image paradoxale, se rappelle à l’humanité. Et s’il est fondé de déchiffrer la logique du déploiement de l’être, l’humanité pensante peut se sauver, qui plus est instantanément, au moment même, où le risque sera maximum. « Là, où il y a le plus grand risque se trouve le salut », commente Heidegger citant les vers de Hölderlin (7).

 

 

Heidegger nomme ce retour soudain de l’être à l’aide d’un terme spécial, das Ereignis, « l’événement ». Il se produit exactement au milieu de la minuit mondiale, au point le plus noir de l’histoire. Heidegger lui-même hésitait constamment concernant la question de savoir si ce point était atteint ou s’il « n’y avait toujours rien ». Cet éternel « il n’y a toujours rien »…

 

Pour la Quatrième théorie politique, dans la philosophie de Heidegger peut se trouver ce principal axe, sur lequel on place tout le reste : la réinterprétation des Deuxième et Troisième théories politiques avant le retour de la théologie et de la mythologie.

 

Ainsi, au centre de la Quatrième théorie politique, en son centre magnétique en quelque sorte, se trouve le vecteur de l’approche de l’Ereignis, (« l’événement »), dans lequel s’incarnera le retour triomphal de l’être, précisément au moment où l’humanité l’aura définitivement et irrévocablement oublié, au point que ses dernières traces se seront évaporées.

 

 

 

La Quatrième théorie politique et la Russie

 

 

Aujourd’hui, certains conçoivent par intuition que dans « le merveilleux nouveau monde », le globalisme, le postmoderne et le post-libéralisme, la Russie n’ait pas sa place. Non seulement l’État et le gouvernement mondiaux évinceront graduellement tous les États-nations en général, le problème étant aussi que toute l’histoire russe consiste en une discussion dialectique avec l’Occident et la culture occidentale, en une lutte pour la défense de sa réalité russe profonde (parfois comprise seulement de façon intuitive), de son idée messianique, de sa version de « la fin de l’histoire », de quelque façon que cela s’exprimât – à travers l’orthodoxie de Moscou, l’empire laïc de Pierre le Grand ou la révolution communiste mondiale. Les meilleurs esprits russes ont clairement vu que l’Occident avance vers l’abîme et qu’aujourd’hui, en regardant là où l’économie néolibérale et la culture post-moderne ont mené le monde, nous pouvons pleinement nous assurer du fait que cette intuition, qui a poussé les générations de Russes à rechercher une alternative, était tout à fait fondée.

 

 

La crise économique mondiale actuelle n’est que le début. Le plus terrible reste à venir. L’inertie des processus post-libéraux est telle qu’un changement de cours est impossible, « la technique déchaînée » (Oswald Spengler) recherchera pour sauver l’Occident des moyens de plus en plus efficaces mais purement techniques et technologiques. Il s’agit de la nouvelle étape de l’arrivée du Gestell, la diffusion sur tout l’espace de la planète de la tache nihiliste du marché mondial. En allant d’une crise à une autre, d’une bulle à une autre (des milliers d’Américains descendent manifester les jours de crise en scandant: « Donnez-nous une nouvelle bulle ! », comment être plus sincère ?), l’économie globalisée et les structures de la société postindustrielle rendent la nuit de l’humanité de plus en plus noire, d’un tel noir que nous oublions graduellement que c’est la nuit. « Qu’est-ce que la lumière ? », se demandent ceux qui ne la voient jamais.

 

Il est clair que la Russie doit suivre une autre voie. Mais une question se pose alors. Dévier de la logique du Postmoderne dans « un seul pays pris isolément » ne s’avérera pas si simple. Le modèle soviétique s’est écroulé. Après cela, la situation idéologique a changé de façon irréversible, de même que l’équilibre stratégique des forces. Pour que la Russie puisse se sauver et sauver les autres, il ne suffit pas d’inventer un quelconque moyen technique ou une manœuvre destinée à tromper. L’histoire mondiale a une logique. Et « la fin des idéologies » n’est pas due à un dysfonctionnement accidentel mais au début d’une nouvelle étape. Selon toute apparence, la dernière.

 

 

Dans une telle situation, le futur de la Russie dépend directement de nos efforts pour produire une Quatrième théorie politique. En choisissant localement les variantes que nous accorde la mondialisation seulement dans un mode de correction superficielle du statu quo, nous n’irons pas loin, nous ne pourrons que faire durer le temps. Le défi du postmoderne s’avère extraordinairement sérieux : il s’enracine dans la logique de l’oubli de l’être, dans le renoncement de l’humanité aux sources (ontologiques) de son être et à ses sources spirituelles (théologiques). Lui répondre par des innovations illusoires ou par des ersatz de communication est impossible. Donc, pour trouver une solution aux problèmes essentiels - la crise économique globale, les résistances au monde unipolaire, la préservation et le renforcement de la souveraineté, etc., il est nécessaire de s’adresser aux principes philosophiques de l’histoire, de faire un effort métaphysique.

 

On ne saurait dire comment se déploiera le processus d’élaboration de cette théorie. Une chose est claire : ce ne peut être une tâche individuelle pas plus que celle d’un petit cercle d’individus. L’effort doit être synodique, collectif. Les représentants d’autres cultures et d’autres peuples (d’Europe, ainsi que d’Asie), qui se rendent compte également de façon aigüe de la tension eschatologique du moment présent et cherchent aussi avec acharnement la sortie de l’impasse mondiale, nous aideront grandement dans cette tâche.

 

 

Cependant, on peut affirmer d’avance que la Quatrième théorie politique, fondée sur le rejet du statu quo actuel dans sa dimension pratique et théorique, dans sa variante russe sera orientée vers « l’Ereignis russe ». Vers « l’événement », unique et exceptionnel, qui a fait vivre et qu’ont attendu plusieurs générations de Russes, depuis les origines de notre peuple jusqu’à l’avènement de cette dernière période.

 

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