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samizdats
14 mai 2014

La dissuasion nucléaire ? 5€ par mois et par Français.

(source : http://www.opex360.com/2014/05/12/dissuasion-quand-le-chef-detat-major-de-la-marine-nationale-fait-mise-au-point/)

 

http://www.opex360.com/wp-content/uploads/triomphant-2009-02-19.jpg

 

Invité à s’exprimer dans le cadre des débats sur l’avenir de la dissuasion nucléaire organisés par le commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM) n’a pas manqué l’occasion de faire quelques mises au point.

 

Premier point, le CEMM a dénoncé la tendance « à agir au jour le jour, au détriment d’une prospective qui intègre les tendances lourdes » pour en appeler à une réflexion qui prenne en compte non pas le court terme mais les « quelques décennies à venir » car  « telle est bien l’échelle de temps de la construction humaine et matérielle d’un outil de dissuasion ». Et, pour lui, il ne fait aucun doute que dans 20 ans « nous serons dans un monde nucléaire », la seule question qu’il faut se poser étant de savoir « si le nombre d’acteurs aura encore augmenté ou pas ».

 En outre, l’amiral Rogel a rappelé que le concept de la dissuasion nucléaire a été en constante évolution depuis la fin de la guerre froide (qui n’est qu’une parenthèse de l’histoire, les hommes n’ayant pas toujours eu besoin d’idéologies pour se faire la guerre…). Et de souligner que cela s’est « traduit par une réduction parallèle des budgets alloués à la dissuasion dont la part dans le budget de défense a été réduite presque de moitié, et d’un tiers pour la part équipement ».

 Une autre idée combattue par l’amiral Rogel – à l’instar de son homologue de l’armée de l’Air, le général Denis Mercier – est celle consistant à opposer les forces conventionnelles aux forces stratégiques.

« Pour ce qui concerne la marine, la dissuasion tire toutes les composantes vers le haut : les spécifications et l’entraînement des équipages des SNA, des frégates fortement armées, des chasseurs de mine, des avions de patrouille maritime, des hélicoptères embarqués. Or, selon le principe de mutualisation depuis longtemps appliqué, tous ces outils sont utilisés également pour d’autres missions conventionnelles – le cas des Atlantique 2 est aujourd’hui symbolique en Afrique – mais c’est bien la dissuasion qui en justifie l’usage premier », a-t-il ainsi fait valoir.

Et d’ajouter : « Je crois donc nécessaire de tordre le cou à une fausse bonne idée : je suis persuadé que supprimer la dissuasion nucléaire ne permettrait pas d’abonder les crédits des forces conventionnelles. Au contraire, c’est l’inverse qui se produirait, pour les raisons que je viens d’évoquer! ».

SNLE

 Quant à la crédibilité – essentielle – de la force de frappe, l’amiral Rogel a défendu avec vigueur le principe de la permanence à la mer, car « elle répond au concept qui est de faire peser une menace sur un adversaire éventuel à tout moment et en tout lieu ».

« Si le rôle de la dissuasion est de faire peur, on n’y parviendra pas avec un sous-marin dont la position est parfaitement connue à quai et, de ce fait, vulnérable. C’est la dilution dans les océans qui permet de garantir la menace d’une frappe sur un adversaire potentiel », a-t-il expliqué. « Si cette permanence n’était plus assurée et que, en cas de menace directe, nous devions faire appareiller un SNLE (ndlr, sous-marin nucléaire d’attaque) de l’Île Longue, la sûreté de cet appareillage nécessiterait des moyens bien supérieurs à ceux que la LPM prévoit! », a-t-il estimé.

 En outre, a-t-il poursuivi, cette pemanence à la mer « permet également de conserver notre liberté d’action du point de vue politique. En effet, en l’absence de permanence, un appareillage impromptu de SNLE pendant une crise pourrait être interprété comme un signal stratégique qui pourrait parasiter le message politique et qui pourrait amener un adversaire potentiel à tenter de neutraliser notre outil ».

De son côté, l’amiral de Coriolis, le commandant de la Force océanique stratégique (ALFOST), a précisé qu’ « aujourd’hui un SNLE est ainsi en permanence à la mer, un deuxième est à la mer ou susceptible d’y être sous faible préavis, un troisième pouvant également participer à la posture mais avec un délai plus long » et que « c’est cette permanence à la mer qui a déterminé notre format de quatre sous-marins minimum, nombre qui a été également retenu par les Britanniques ».

 Cela étant, l’amiral Rogel, qui compte à son actif 27.000 heures de plongée, soit environ 3 ans et demi dans un sous-marin, a réfuté que l’arme nucléaire soit une arme de « non-emploi ».

SNLE TIR-20111116

« J’ai été sous-marinier et je vous assure avoir eu le sentiment d’être utile tous les jours et non d’avoir passé du temps dans une station spatiale améliorée. Le concept même de la dissuasion est la capacité d’une réponse immédiate à une menace contre nos intérêts vitaux, quelles qu’en soient la provenance et la nature. Certes le principe de la dissuasion consiste à éviter l’emploi de l’arme elle-même, ce que nous souhaitons tous, mais c’est ce que feront nos équipages si on leur en donne l’ordre et ils sont prêts en permanence pour cela », a expliqué le CEMM.

 Interrogé par le député Gilbert Le Bris sur le niveau de sécurité de la base de l’Île-Longue, mise en doute l’an passé par un quotidien régional, l’amiral Rogel a fait une réponse cinglante. « Je laisse à la presse la responsabilité de ses propos sur la sécurité de l’Île-Longue et je vous invite à tenter de pénétrer les installations sans autorisation et vous reviendrez, ou pas, me donner des nouvelles. Je vous rappelle également que le concept actuel de dissuasion repose sur les sous-marins à la mer, ce qui les rend invulnérables, et non sur l’Île-Longue », a-t-il lancé.

 Le co-président du groupe écologiste à l’Assemblée, François de Rugy, déjà peu convaincu des arguments développés lors d’une autre audition par le général Mercier, a alors estimé que « la sanctuarisation budgétaire de la force de dissuasion » était de « plus en plus difficile » à « justifier au regard des besoins opérationnels des forces conventionnelles » et que l’on devait « tenir compte des contraintes budgétaires » qui s’imposent « dans tous les secteurs de l’action de l’État, dont la sécurité sociale et les collectivités locales ».

 Cette sortie lui a valu une réponse franche et directe de l’amiral Rogel. Le coût de la dissuasion est « élevé il est vrai », a-t-il commencé par admettre. Mais, a-t-il poursuivi, « je voudrais faire un calcul simpliste mais nécessaire : si l’on ramène le coût annuel de l’agrégat nucléaire qui est de 3,5 milliards d’euros au nombre de notre population, le coût de la dissuasion est de 5 euros par mois et par Français. Est-ce trop cher pour notre sécurité? ». Et de conclure sur ce point : « C’est une donnée que d’aucuns jugeront peut-être contestable mais qu’il convient de prendre en compte. Par ailleurs, les forces stratégiques de la marine comptent environ 2 000 personnes, ce qui correspond au nombre d’employés municipaux d’une commune de 100 000 habitants ».

 

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