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samizdats
8 juin 2014

Poulailler's song.

Je suis né en 1974, en France. A l'époque - je schématise -, il y avait des "franchouillards" que les nouveaux riches et les années 80 n'avaient pas encore baptisés "beaufs", des "intellos", des prolos, des cathos, des anti- (l'anti-France, les anti-communistes primaires, les anti-américains, les zentils boat-people, les anti-vols)... Souchon chantait "Poulailler's song".

Fin des années 80, boucle d'oreille et cheveux longs, je portais un T-Shirt sans manches sur lequel un tas de désormais ci-devants beaufs disaient "être français, ça se mérite!" à un jeune boucle d'oreille et cheveux longs qui pensait : "et être con, ça vient tout seul ?". Rien que d'y repenser, j'en souris encore !

2014-06-08_233420

Mais comme les franchouillards sont devenus des beaufs - branchitude sémantique dans la dérision dont nous régalait déja Canal -, les "antis-" sont devenus des "-phobes". N'ont survécus que deux "anti-" emblématiques : "anti-sémites" et "anti-fascistes" (antifas pour les intimes, les amis, les médias).

Mais bref, je m'éloigne de mon propos, qui m'avait amené à citer Souchon : il chantait en 1977 : "on peut pas être gentil tout le temps, on peut pas aimer tous les gens - y a une sélection c'est normal : on lit pas tous le même journal."

Pour ma part, je suppose comme acquis que l'on a quand même le droit de ne pas aimer tous les gens. Maintenant, je suis assez ouvert sur la question : entre les "antifascistes" qui n'aiment pas des gens à cause de leurs idées, et les "antisémites" qui n'aiment pas des gens à cause de leurs origines, doit-on vraiment choisir ? Je dis non.

J'ai droit de ne pas aimer un communiste nord-coréen sans devoir préciser, prioriser, justifier du fait que je préfère en lui le communiste à l'asiatique - même si, oui, je sais : il est plus facile à Michael Jackson de devenir blanc qu'à un communiste d'entrer par le chas d'une aiguille dans les paradis artificiels du libéralisme... 

Et puis voilà. J'aimerais qu'on me laisse tranquillement ne pas aimer, voire mépriser certains de mes contemporains, certains groupes humains, pour des raisons qui me regardent, et que l'on ne me prive pas du droit à la nuance : je n'aime pas les chinois, la belle affaire ! mais enfin, de là à me traiter de sinophobe ! et puis si je suis sinophobe, ça ne veut pas dire que je hais les chinois - ça veut juste dire que je les aime pas. J'ai droit, oui ?

"On peut pas être gentil tout le temps, on peut pas aimer tous les gens..."

(Tiens, et remarquez jusqu'où la NovLangue se love : je viens de me rendre compte que "-phobe" n'est après tout que le verlan de "beauf"... hééé oui !)

 

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